3e jour de la 8e ennéade de Karfias ~ été 17e année du XIe Cycle Lendemain du départ de l'expédition
Le Maître du Jeu s'adressant à Haldren... Tu as erré... Longtemps...
Des jours même !
Mais avec l'aide de la providence et d'un entêtement incroyable, tu avais fini par trouver un chemin de chasseur... Qui de fil en aiguille, sous l’œil discret des Noss de la région, a fini par te conduire sur la Trace, celle longue route reliant la Croisée aux portes Nord d'Alëandir.
En arrivant aux portes tu n'étais pas nécessairement dans l'état le plus civilisé qui soit et les militaires en faction t'ont demandé à maintes reprises s'ils pouvaient t'aider. Les elfes sont ainsi. Ils ne laisseraient pas l'un des leurs dans le besoin. Et tu es l'un des leurs. Si tu le souhaites, tu as été nourrit lavé et des vêtements propres ont été trouvés pour toi. Sinon, ils t'ont conduit au Trône Blanc sans rechigner.
C'est en fin d'après midi que tu parvint enfin dans le hall du palais où les gardes te demandent d'attendre, un serviteur allant de suite prévenir le roi qu'un certain Haldren demandait audience de toute urgence... S'il en avait l'occasion.
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Ombre fugace Maître de ton destin
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Haldren
Ancien
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Mar 27 Aoû 2019 - 13:32
Haldren venait de passer d'interminables journées à chercher son chemin au milieu d'une nature sauvage et indomptée avant enfin qu'un petit chemin forestier ne lui permette de se localiser. Combien de temps avait-il ainsi perdu ? Surement beaucoup trop, mais les téléportations chaotiques l'avaient rendu prudent et il lui fallait donc prendre son mal en patience, utiliser ses pieds plutôt que son art. Sa belle tenue déchirée et tachée de terre aurait également mérité d'être changée avant de se rendre au palais, un bain n'aurait d'ailleurs pas non plus été de trop, toutefois l'archimage décida de laisser de côté l'aspect élégance tant l'urgence le pressait de rencontrer le suzerain sans plus attendre.
Fort heureusement les gardes en faction aux portes du palais le connaissaient et le guidèrent jusqu'à un grand hall puis jusqu'à la salle du trône où il avait déjà rencontré Artiön quelques années auparavant lorsque ce dernier souhaitait jauger la personnalité de l'archimage et les risques qu'il pouvait faire courir à son peuple. Quelle ironie qu'il soit désormais le messager et non plus la cause du danger ! A voix basse tant il souhaitait éviter que les détails de leur conversation ne puisse arriver jusqu'à d'éventuelles oreilles indiscrètes, l'ancien Exilé demanda :
Aran, un honneur. Pourrions-nous parler en privé ? Je crains qu'un grave danger ne se soit éveillé en Aduram et ne nous menace tous.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Mar 27 Aoû 2019 - 21:19
Comme si aucune réunion urgente ne s’était jamais déroulée en ces lieux, tu avais repris ton service en tant qu’Aran. De nouvelles questions en tête, de nouvelles appréhensions à nourrir, mais assez d’immédiates responsabilités pour ne pas penser à ce qui n’était que potentiel. Jusqu’à aujourd’hui, tu n’avais pas encore terminé de traiter les retombées de la réunion ayant eu lieu en ton absence. Enoril attendait. Ardamir attendait. Daranovar en tant que ta Cité natale t’accordait une dangereuse confiance. Malereg fidèle à elle-même restait sceptique quant au futur. La Quatrième Saison méritait que l’on s’intéresse plus à elle, mais sous la Protection d’Anorndellon, tu la savais relativement tranquille. Quant à Eteniril… au vu de ce que tu projetais pour les ennéades à venir, peut-être que l’expertise de Telenwë ne serait pas de trop.
En attendant, c’était surtout la vie d’Alëandir elle-même qui te préoccupait. À peine retrouvé, la Cité perdait à nouveau son Commandant des Armées. Et bien qu’il ne s’en rende probablement pas compte, et que ses subordonnés en son absence fassent aussi un excellent travail, privée de l’aura de son gardien, Alëandir était moins tranquille. Surtout que tranquille, elle ne l’était que bien peu depuis les deux dernières années. Les réfugiés des autres Cités s’acclimataient relativement bien, mais force était de constater que des minorités se dessinaient de plus en plus. Les elfes partageant la même culture se rassemblaient. Une bonne chose dans l’absolu… mais un comportement dangereux si on laissait ces fractures se creuser et devenir des gouffres avant que des ponts n’aient été dépliés.
Trop de raisons de s’enterrer dans des réflexions sans fin. Les tiens avaient besoin de sourire. Ils avaient besoin d’une fête. D’une parade. De quelque chose qui sorte les anciens de la ville de leur routine, et qui leur permette de se mêler aux nouveaux-venus. De quelque chose qui leur rappelle qu’ils étaient protégés.
- Qu’y a-t-il ?
Une urgence ils t’avaient dit. Une nouvelle urgence. Une véritable urgence. C’est qu’il semblerait que l’ancien eldéen ne s’était toujours pas habitué à l’environnement forestier, parce que son état sentait le vain empressement à des milles à la ronde. Mais là où son attitude laissait entendre que le temps n’était pas à la plaisanterie, ses messes basses avaient suffi à vivement piquer ton intérêt.
- Ellyn… tu t’adresses aux Conseillers présents, le menton baissé mais la mine sombre Si vous voulez bien m’excuser.
Des hochements de tête entendus accueillent ta demande, et en l’espace de quelques secondes, comme il y a quelques années, Haldren et toi vous retrouviez face à face dans la salle du Trône. Et cette fois-ci encore il s’agissait de juger de si celui que La Mère avait pris en pitié était fiable. T’écartant légèrement de ton interlocuteur, tu croises les bras sous ta poitrine, et lui offre un regard sévère. Quelque chose te disait qu’il ne mentait pas. Ç’aurait été une trop forte coïncidence s’il m’entait. Pour autant tu n’avais pas envie de croire ce qu’il te dirait. Tu avais envoyé des elfes en Aduram. Tu sais pour quelles raisons. Tu sais dans quelles conditions. Et tu aurais préféré que les conditions restent les mêmes.
- Haldren. la légèreté de ton timbre le rend tranchant plutôt que grondant Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Tu risques de devoir te montrer plus précis que ça.
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Ven 30 Aoû 2019 - 12:28
Une fois seul avec le musculeux suzerain des forêts, Haldren entreprit de remettre de l'ordre dans ses idées pour ne pas paraître totalement fou lorsqu'il allait faire son récit. Ou tout du moins pas plus fou que d'habitude. La méfiance royale n'était probablement plus aussi forte que celle ressentie des années auparavant, pour autant l'archimage se doutait que le grand elfe vêtu d'or et de pourpre ne le portait pas spécialement dans son cœur. Rien d'étonnant puisqu'il avait pendant un millénaire fait tout son possible pour nuire à l'Anaëh, et seul le temps long permettrait à tous d'admettre que plus rien ne le rattachait au clan des Baenfere.
Voici quelques jours, j'ai ressenti un appel dans la Symphonie. Un appel de l’Aînée. Un appel qui annonçait un grand danger pouvant briser l'équilibre de l'Anaëh, et qui demandait de se rendre dans la clairière d'Elvaëran pour en apprendre plus.
Une fois le récit entamé, la suite devenait plus facile et les mots se mettaient en rang comme de bons petits soldats. Le simple fait d'entendre l'ancien Exilé affirmer qu'il entendait la Symphonie et pouvait y percevoir un message de la déesse aurait cependant fait se rouler en boule façon pangolin plus d'un prêtre de Kÿria.
J'y ai retrouvé plusieurs druides qui eux aussi avaient entendu l'appel. Une fois tous réunis, nous avons reçu un nouveau message qui s'est marqué dans nos esprits comme s'il avait été gravé au fer rouge : "les enfants des pierres ne doivent pas atteindre les frondaisons des Gémissants".
Durant ses quelques jours à crapahuter dans la forêt à la recherche d'un sentier le menant jusqu'à la capitale, Haldren avait réfléchi à ce message et soupçonnait que le danger viendrait plutôt de l'Aduram lui-même que des citadins. Peut-être l'antique blessure de l'Exil ne se trouvait-elle pas suffisamment refermée et risquait de devenir un gouffre béant qui happerait les audacieux osant s'y frotter, à moins que la seule présence des elfes ne soit justement le catalyseur d'une telle réouverture. Beaucoup de théories mais aucune preuve concrète, aussi resta-t-il muet sur ces hypothèses qui ne valaient pas grand chose à ce stade et pourrait même les induire sur de fausses pistes. Mieux valait dans un premier temps rester sur des questionnements et voir où cela les mènerait.
Aran, j'ignore de quel danger il s'agit mais la Mère nous a clairement indiqué de le prendre au sérieux. En quoi nos frères des cités seront-ils en danger s'ils atteignent l'Aduram ? Je l'ignore. Pourquoi voudraient-ils s'y rendre ? Je l'ignore. Seront-ils eux-mêmes en danger, ou le danger vient-il ce qu'ils y trouveront ? Je l'ignore. Par contre je sais que les druides sont décidés à empêcher quiconque d'atteindre l'Aduram, au besoin par la force. Je suis revenu pour essayer de comprendre ce qu'il se passe dans les cités pouvant justifier un voyage aussi incongru.
S'autorisant enfin à souffler, Haldren eut un petit sourire comme pour montrer qu'il n'y avait pas lieu pour autant de paniquer à l'instant.
Fort heureusement nous avons du temps, je craignais de trouver la cité pleine de groupes prêts à partir mais tout m'a semblé parfaitement normal. Nous ne risquons donc rien tant qu'aucune expédition ne sera lancée.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Ven 30 Aoû 2019 - 18:48
Au départ il n’y avait que l’incrédulité et la méfiance. Rien que les appréhensions d’un Aran d’une certaine manière responsable de la présence de l’ancien Sombre en ces territoires, et des conséquences que la-dite présence pourrait entraîner. Puis il y eut la colère. Une colère sourde. Violente. Aussi douloureuse qu’un coup de poignard au cœur. Seulement tu n’en montras rien. Tu n’avais fait que soulever les sourcils, comme juste interloqué, lorsqu’il te parla de la clairière d’Elvaëran. Tu n’avais fait que les froncer ensuite lorsqu’il te fit ensuite part de ce qu’il présentait être un message de la Sylve. Et tu avais fait mine de réfléchir à tête reposée lorsqu’il t’avait asséné toutes les questions lui étant passées par l’esprit. La façade d’un Roi exemplaire, à l’écoute devant celui qui se réclamait des siens.
- Des patrouilles d’exploration d’Aduram partent régulièrement de Linaëh et Wyslena, les forts frontaliers de l’ancien Linoïn. Pas étonnant à ce moment que tu n’aies pas croisé d’expédition aux portes d'Alëandir.
C’est un reproche. Un reproche fait avec beaucoup moins de virulence que ne l’aurait voulu ton cœur, mais perdre ta mine affable t’aurait trahi. Perdre ton comportement protecteur aurait compromis ta promesse envers lui, et potentiellement celle faite au reste de tes frères, car les coïncidences étaient trop grandes pour qu’il mente. C’était d’ailleurs là la raison principale de ton irritation. Il ne mentait pas. Il ne feignait pas. Il était réellement inquiet, et tu n’avais qu’une seule envie, lui faire ravaler ses inquiétudes jusqu’à ce qu’il en vomisse.
- Voilà quelques années que la Dissonance s’est quelques peu calmée, et que nous en profitons pour réclamer un peu des vestiges de notre passé. tes lèvres se pincent un instant, puis ton visage se détend à nouveau, restant froid, mais empreint d’une angoisse mesurée L’ancien Linoïn regorge de reliques et de reliquats chers non seulement au cœur de ceux qui y ont perdu amis et familles, mais aussi riches d’une histoire qui se perd. tes paupières se plissent D’entre tous tu devrais probablement être l’un des mieux placés pour le comprendre.
Tu avances vers l’exilé, les épaules aussi large que toujours, et le menton légèrement relevé, tes yeux rivés dans ses pupilles sans que ton visage ne s’autorise entièrement à faire face au sien.
- Mais s’ils sont soudainement si décidés à ce que personne ne mette le pied en Aduram, et là, ton exaspération devient perceptible pourquoi est-ce que ces fameux druides t’ont laissé – à ce que je peux voir – péniblement traverser la forêt en tant que seul messager ? Est-ce que c’est parce qu’ils nous pensaient vraiment plus enclins à croire un elfe qui cherche encore sa place dans l’Anaëh plutôt que l’un des leurs sous prétexte qu’il s’identifie aux Taledhels ou est-ce que c’est juste histoire de trouver une justification à l’usage de la force face à leurs propres frères ?
Tes bras se délient, tes mains se posent sur tes hanches et ton poids trouve ta jambe droite. Tu soupires lourdement, la tête baissée, et puis tu te retournes. Offrant ton immense dos à Haldren alors que tes yeux se posaient sur le Trône Blanc lui-même. Tes mains remontent dans ton dos, et puis tu restes là. Face au Trône. Face à tes responsabilités. Contemplatif de toutes les raisons pour lesquelles tu ne pouvais pas te permettre de laisser parler ce qui bouillait en toi. Contemplatif de ta promesse de sacrifice. Tout ça n’est pas à propos de toi.
- Enfin… tu te retournes vers Haldren une fois encore Cette fois-ci tu n’as juste pas eu de chance. Il y a bien quelques ellyn partis d’Alëandir hier au matin, en renforts pour la prochaine expédition. À la recherche d’une relique perdue dont nos dernières cartes laissent entendre la position approximative. tu marques une courte pause Une relique importante. nouveau silence Il en va du bien de nos Cités. Et peut-être même d’Anaëh toute entière.
Tu n’étais pas entièrement à l’aise à l’idée de lui confier tout cela, et tu t’en voulais presque. Si I Mîngely avait décidé sage de lui donner sa chance… au point de lui permettre d’Entendre… pourquoi t’opposer ? Toi ? Un simple Fils.
- À l’heure qu’il est, ils devraient être sur les routes en direction d’Ardamir. Je devrais pouvoir les avertir. ton faciès se durcit soudainement Mais si aucun autre de ceux que La Mère a appelé ne prend ses responsabilités, et ne se décide à parler, je crains que cela ne suffise pas. Après Onze Cycles à nous mettre en danger pour cette forêt, ce genre d’avertissement tiède n’empêchera personne de prendre de prendre des risques bien longtemps.
Et tu aurais aimé savoir si commencer à parler était un bon Choix. Tu aurais aimé savoir si La Mère te soutenait. Seulement, dans les murmures sibyllins des plantes rampant le long des murs et colonnes du Palais, tu ne trouverais aujourd’hui que plus de raison d’intérieurement bouillir.
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Jeu 5 Sep 2019 - 18:31
Folie !
L'exclamation de l'archimage retentit dans toute la salle avec la violence d'un verre de cristal que l'on aurait jeté contre un mur sous l'effet de la colère.
Les reliques de l'Aduram sont perdues depuis des Cycles et c'est bien mieux ainsi. Pourquoi vouloir réouvrir ces vieilles plaies ? Il n'y a nul pouvoir ni sagesse caché parmi mes ancêtres que vous ne sauriez atteindre par vous-mêmes. Et ne me dites pas que notre peuple a besoin d'exhumer son passé englouti pour trouver sa place dans le monde du XIème cycle, j'ai suffisamment souvent tenu ce genre de discours pour savoir qu'ils ne riment à rien.
Décidément le suzerain semblait prendre les choses beaucoup trop à la légère. Soit il avait dans sa manche des cartes connues de lui seul, soit il sous-estimait gravement les risques encourus à ne pas suivre à la lettre un message venu à travers la Symphonie. Sans doute se trouvait-il tout simplement furieux de ne pas avoir lui-même été prévenu, d'avoir lui-même été appelé... et Haldren pouvait comprendre une telle frustration. Pour autant, il s'en fichait royalement, si tant est-ce que cette expression soit adaptée au vu des circonstances. Se passant la main sur le visage, il répondit à la question sur le "seul messager", tirade cachant en sous-jacent les germes du doute quant à la véracité de ses dires.
Vous n'obtiendrez nul autre message des Noss, ils se fichent de vos motivations et accompliront les ordres de la Mère. Je leur ai annoncé ma décision de venir vous avertir et ils estiment que c'est amplement suffisant. Quand à ma présence seul, c'est ma faute : j'ai voulu me téléporter à Alëandir et je suis tombé sur une sorte de bouclier magique qui m'a fait rebondir au milieu de la forêt, loin de tout.
Lorsque le roi se fit plus explicite sur les raisons du départ de l'expédition pour l'Aduram, l'archimage eut un bref éclat de rire mi-narquois mi-attristé.
Une relique qui pourrait sauver nos cités ? Ou l'Anaëh ? Aran, pendant près d'un millénaire j'ai vécu au sein d'une cité qui est installée sur un Nœud dont la nature exacte nous échappe toujours et qui contient dans ses entrailles assez d'artefacts magiques pour la détruire dix fois. Alors excusez-moi si je vous parais impertinent, mais j'ai du mal à croire qu'un quelconque artefact soit suffisamment important pour continuer sa quête malgré l'avertissement de la Mère.
Pour autant Haldren savait que son interlocuteur n'avait rien d'un idiot ni d'un naïf. Certes au moment d'autoriser l'expédition, le suzerain ignorait tout du message que venait de lui apporter l'ancien Exilé, mais le simple fait d'autoriser des fouilles dans une zone aussi dangereuse que l'Aduram n'aurait jamais été accordé sur la base de simples rumeurs. Il y avait donc plus de chair à ronger sur cet os qu'Artiön ne lui en avait montré jusque-là.
Quel est cet artefact, d'ailleurs ? Je suppose que les mages de l'académie ont du l'étudier ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Jeu 5 Sep 2019 - 20:31
Tes deux oreilles se plaquèrent violemment contre tes tempes quand retentit la voix de l’Archimage, et la colère devint difficile à retenir. Il en savait à la fois beaucoup trop et beaucoup trop peu. Il en avait beaucoup trop vu sans jamais faire l’effort de comprendre. Il avait été accepté et s’était refermé sur lui-même, avait embrassé sa propre idée de ce que vous étiez sans jamais s’intéresser vraiment à l’essence de votre peuple. En cela, son comportement d’aujourd’hui n’était pas sans te rappeler celui de certains Ornedhels, s’enfermant dans une volontaire imbécilité pour ne pas avoir à avouer ni les fautes qui ont été les leurs par le passé, ni celles dans lesquelles ils tiennent aujourd’hui à se conforter. Comme les Ornedhels, il se tenait en porteur d’une vérité bien plus complexe qu’il n’oserait se l’avouer… et contrairement aux Ornedhels, lui le faisait en ajoutant l’ignorance à ses manquements.
- Peut-être les Noss auraient-ils été plus raisonnables s’ils avaient su ce que tu es.
Tu t’approches de l’Archimage, tes pupilles vrillées dans les siennes, ton regard glacial brillant d’une profonde colère. Tout près de lui. Les yeux dans les yeux. Le forçant à lever la tête vers toi.
- Si durant toutes ces années tu avais pensé à autre chose qu’à ton propre asile, probablement te serais-tu rappelé que parmi les elfes que l’on a perdu avec le Linoïn, il n’y avait pas que tes ancêtres. ton nez se retrousse, en même temps que ta babine gauche, tous deux pris de légères convulsions Contrairement aux drows, nous les Sylvains, voilà des Cycles que l’on vit avec les souvenirs de nos ancêtres, de nos familles et de nos amis perdus juste sous notre nez, sans rien pouvoir y faire. Contrairement au peuple dont tu t’es récemment enfui, nous ne nous sommes pas amusés à expier notre peine par la violence. ta poigne se saisit du trapèze de ton interlocuteur avec une force à en rendre le contact douloureux Tu veux savoir pourquoi nous n’avons toujours pas pardonné aux humains ? Tu veux savoir pourquoi est-ce qu’on déteste autant ta race ? Et bien c’est parce que ça fait plus de sept satanés Cycles que l’on attend d’avoir l’occasion de faire notre deuil, sept satanés Cycles que cette « vieille plaie » s’infecte lentement… tu le repousses vigoureusement, et ta voix s’élève, éraillée comme rarement, agressant tes propres tympans comme des griffes crissant contre le métal et tu oses nous reprocher de profiter d’une accalmie que l’on attend depuis 7500 ans !! tu ouvres les bras, lèves les yeux au ciel, et cédant au sarcasme plutôt qu’à autre chose tu continues ta tirade Mais après tout, comment pourrais-t-on t’en vouloir ? Ce n’est pas comme si tu savais ce que c’était que d’avoir une famille ! Ce n’est pas comme si tu savais ce que c’est que de porter la moindre véritable affection à quelque chose ou à quelqu’un ! L’affection, notre cher Umbarion la reçoit il ne la donne pas ! ton langage corporel se referme à nouveau Alors excuses-moi de te trouver impertinent mais peut-être que si tu avais donné la moindre importance au premier commandement que t’as donné La Mère, tu aurais eu déjà • la moindre idée de ce qu’il se passe dans le monde qui a accepté de t’accueillir, • un peu plus de confiance de la part de l’Aran qui a fait l’effort de passer outre les massacres que tu as commis il y a à peine plus de vingt ans, • et avec un peu de chances, nous ne nous serions pas retrouvés dans cette situation.
Tu souffles. Laisses retomber la pression. Joue de ton focaliseur entre tes doigts, à la recherche d’un peu de calme. Et tu retrouves enfin ton sang-froid.
- Mais puisque tu en sais plus que nous-mêmes sur les reliques se trouvant en nos murs, et que pour la première fois de ta vie tu sembles désireux de protéger quoi que ce soit, autant que tu en touches directement deux mots à nos Académiciens. Je suis certain qu’ils seraient ravis de tout t’expliquer plus en détail. d’un pas décidé, tu te diriges vers les portes de la Salle du Trône Blanc À moins que tu n’aies peur qu’ils te demandent de la transparence en retour.
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Ven 6 Sep 2019 - 10:26
Alors que le suzerain s'apprêtait à quitter la salle du trône, l'archimage reprit la parole. Cette fois nulle colère ne perçait dans ses propos, nulle rancœur ou agacement, juste un sentiment de douleur intense qui remontait à la surface après avoir été longtemps camouflé par les réalités du moment.
Vous vous trompez, Aran. L'amour existe même en Elda... parfois profondément caché sous les décennies d'enseignement aux préceptes d'Uriz... mais un drow peut tout autant qu'un elfe ressentir la douleur de la perte.
Le regard d'Haldren se perdit dans le vague, revenant plusieurs années en arrière. Ses souvenirs d'une cité enfouie dans un volcan, peuplée d'être souvent cruels mais parfois capables d'une surprenante grande bonté envers leurs proches l'assaillirent. La faille, les grandes portes, les niveaux supérieurs, la plongée vers les profondeurs et la cavité du C'nros... puis la vision d'un drow dans la force de l'âge qui comptait pour lui avec une force dont le seigneur des forêts ne soupçonnait pas l'existence.
J'ai un fils en Elda, Aran. Un mage puissant qui peut-être un jour me surpassera. Il s'est élevé jusqu'au rang de Ditronw Da're, poste que j'ai moi-même occupé au siècle dernier. Notre famille avait été éradiquée peu après sa naissance dans une des nombreuses guerres civiles qui secouent l'Elda... la mort de sa mère m'a plongé dans des abîmes de dépression dont seule sa présence à su me faire sortir. Notre lien d'affection est resté intact au fil des siècles malgré toutes les intrigues qui pullulent parmi les drows.
Désormais, Haldren ne parlait plus spécialement au roi, ni même à la Voix qui écoutait toujours dans un coin de sa tête. Il parlait pour faire sortir la douleur qui l'habitait et que le roi avait involontairement réouverte en lui affirmant qu'il ignorait tout de l'affection et du deuil. D'une certaine façon, drows et elfes se ressemblaient sur le sujet, seule la portée de leur amour variait. Cette petite étincelle de lumière qui brillait jusqu'au plus profond de l'Elda constituait l'unique espoir de voir un jour les deux peuples enfin réunis, de pouvoir enfin faire le deuil dont parlait l'Aran. Aucune relique, aucune antique cité ne ferait plus plaisir au Repentant que de voir d'autres suivre sa trace et revenir parmi les leurs.
Je suis sans nouvelle de lui depuis mon départ du Puy. Est-il seulement encore en vie ? Mon reniement d'Uriz a-t'il causé sa perte ? Me considère-t-il comme un traître ou comprend-il mes actes ? Si je le revois un jour, tentera-t-il de me tuer ou se jettera-t-il dans mes bras ?
Se tournant vers Artiön, l'ancien Triumvir leva le regard vers le colosse. Il lui en voulait d'avoir plongé ses gros doigts dans cette plaie mais les certitudes affichées démontraient hélas toute la largeur du fossé à traverser pour véritablement "revenir". Au fond, les elfes souhaitaient-ils véritablement le retour des exilés ? Voilà bien une question qu'il faudrait approfondir un jour.
Croyez-vous que je ne souffre pas d'avoir perdu mon fils ? Je n'a même pas osé tenter d'obtenir des renseignements sur son sort tant j'ai peur de ce que je pourrais apprendre.
Chassant ces sombres pensées qui l'obsédaient lorsqu'il n'arrivait pas à les contrôler, Haldren fit un effort sur lui-même pour revenir au seul véritable sujet sur lequel il pouvait agir : cette mystérieuse reliques que les Académiciens cachaient en leur sein et qui constituait la source de toute cette histoire.
Gardez vos sarcasmes, Aran, vous valez bien mieux que ça. Je me rends de ce pas à l'Académie, vous m'y accompagnez ? Votre aide serait précieuse pour éclairer ce mystère.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: [Mare Noire] Le pourquoi du comment | Haldren et Artion Ven 6 Sep 2019 - 13:42
Il avait probablement raison. Tu en étais conscient. Tu n’avais simplement pas envie de l’entendre, et encore moins envie de l’admettre. Pour l’instant, tu ne pouvais que te retenir de répondre aux mièvres déblatérations de l’exilé, parce que ta réponse, si tu osais la prononcer, il ne l’aimerait sûrement pas. D’ailleurs, ta réponse, même en d’autres conditions n’aurait pas changé. Aurais-tu été moins excédé que tu aurais même osé le rétorquer… que si l’enfant d’Haldren était encore vivant, c’est sans la moindre hésitation que tu te serais assuré qu’il ne le reste pas. Tu as connu bien trop de batailles contre les Eldéens et entendu hurler bien trop de leurs mages au combat pour ignorer ce que représente leur « Ditron Dware ». Qu’Umbarion-le-fils se jette un jour dans les bras de son père qu’il n’en resterait pas moins une importante cible à abattre. Les bénédictions comme celles dont a bénéficié Haldren ne sont pas héréditaires. Malheureusement.
- Tu n’obtiendrais de toute façon pas grand-chose d’eux sans moi.
Ton ton est sec. Cassant même. Qu’il se rappelle que s’il est là, c’est grâce aux elfes – dont toi – qui ont accepté sa présence, mais qu’aujourd’hui encore il n’a pas terminé de prouver son allégeance à votre peuple. Qu’il se rappelle qu’il restera étranger et inconnu tant que ses voix et visages n’auront pas dépassé le minuscule cercle de ses connaissances Maleregeoises, celui dont il disparaît bien trop souvent pour aller I Mîngely sait où.
- Par ici.
Tu marches d’un bon pas, obligeant, fort de tes longues jambes, celui qui te suit à le faire au pas de course. Alëandir est grande. Entre le Palais et l’Académie, vous en aviez pour quelques longues minutes de marche, et tu ne tenais pas le moins du monde à ce que ces minutes s’allongent plus que de nécessaires. Pas dans ton état. Il en faut beaucoup pour te mettre en colère et tu détestes en arriver là, parce que tes colères sont dangereuses. Tu préfères être celui dont les ordres rassurent, celui qui offre un cadre protecteur… seulement justement, autant ce cadre, tu aimais l’installer, autant tu exècres le voir brisé sans raison apparente.
Faire des efforts ne t’a jamais dérangé, au contraire. Cependant, pour quelqu’un avec ton niveau de responsabilité, chaque effort fait en vain est une véritable catastrophe, et Haldren en quelques instants venait de te rappeler à quel point stérile ta lutte pour son intégration avait été. Mais ça, tu ne devrais pas plus t’en vexer aujourd’hui que tu ne l’avais fait après ses multiples disparitions à Thaar.
- Heru Lòmion ?
Enfin arrivé à bon port, tu frappes contre la porte des bureaux de l’Archimage du Chapitre Blanc, et finalement – un œil précautionneux dirigé vers l’encadrement de la porte, conséquence des bosses accumulées durant ton dernier séjour en ces murs – à l’appel du Mysticiste, tu poses enfin le pied à l’intérieur, le Mage d’Ombre sur tes talons.
- Aiyà, heru Lòmiontes salutations sont acides, présageant de la suite Haldren Umbarion ici présent tenait à vous parler en urgence.